Quel est le contexte de la rencontre avec Philippe Grisard ?
Dans le contexte de la crise sanitaire, au printemps 2020, j’étais à la recherche d’un contrat d’apprentissage dans le cadre d’un BTS technico-commercial vins et spiritueux à Vivarais Formation à Tournon, en Ardèche. Après l’envoi de 350 candidatures, j’avais réussi à trouver un patron caviste au moment où l’école m’a suggéré de contacter Philippe à qui ils avaient déjà transmis mon CV. Un rendez-vous a alors été pris !
Dès mon arrivée à Cruet, pour l’entretien, le 14 juillet 2020, je ne me suis posée aucune question : c’était bien là que je voulais faire mon stage. Lors de l’échange avec Philippe, le contact est très bien passé : il a même invité mon amie Maud qui m’accompagnait ce jour-là à venir prendre le café avec nous. Après cet accueil chaleureux, j’étais tellement impatiente de connaître la réponse, que le jour convenu, c’est moi qui ai rappelé Philippe et il a tout de suite dit que c’était OK !
J’ai donc commencé ce nouveau contrat le 20 août 2020. Avec un rythme de deux semaines de terrain, puis de deux semaines d’école, l’année a passé très rapidement.
Comment as-tu passé le cap de devenir employée ?
Quand j’ai démarré, il n’y avait pas de piste d’embauche, l’équipe était au complet. Au moment du départ d’une des employés à l’automne, la question a commencé à être évoquée. Je rêvais de pouvoir poursuivre mon année de formation par un emploi dans ce cadre. La Savoie me plaît beaucoup, travailler dans cette équipe est un vrai plaisir. Originaire de la Bresse, je n’ai pas de famille à proximité : la Maison Philippe Grisard est un peu ma deuxième famille. C’est avec eux que j’apprécie de pouvoir boire un coup le soir, après le travail !
D’un tempérament assez timide, j’ai rapidement pu trouver ma place car chacun met très vite à l’aise. En débutant fin août, j’ai attaqué par la période des vendanges, moment qui permet d’être vite dans le bain !
Quand Philippe m’a proposé ce poste, j’étais ravie et pressée de signer mon CDI !
Après ce déclic de départ, qu’est-ce qui t’a motivée à rester ?
Evidemment, le patron ! Philippe est une personne à l’écoute qui voit tout de suite quand ça ne va pas, qui intervient avec beaucoup d’humanité.
Le job me plaît aussi énormément. Il est extrêmement varié. Je n’ai jamais le temps de m’ennuyer. Dans mon précédent travail, j’étais devant un ordinateur toute la journée. Ici, la polyvalence est au rendez-vous ! Certains jours, les activités sont plus physiques, d’autres jours, elles ont un côté plus cérébral.
J’aime beaucoup l’accueil des clients au caveau. Les personnes qui viennent jusqu’à nous sont en grande majorité très sympas. Faire la démarche de venir rencontrer un vigneron, son équipe et ses produits est bien différent que pour la plupart des autres commerces.
A leur arrivée, certains sont plutôt timides. Partager un moment, laisser les gens s’ouvrir avec le sourire (malgré le masque) permet de réussir à tisser des liens. Il faut savoir poser des questions, s’intéresser à l’autre afin de cibler au mieux la dégustation. J’aime beaucoup faire découvrir des notions autour du vin : c’est souvent un moment d’apprentissage intéressant.
Au-delà du caveau, les préparations de commandes, les livraisons sont des activités qui me conviennent : il faut que ça bouge, il faut être efficace. J’aime ce sentiment de devoir courir après le temps.
Il m’arrive aussi de donner un coup de main dans les vignes (vendanges, plantation, taille…) ou à l’étiquetage.
L’alternance de moments face à du public et d’autres où on est seul me convient très bien.
Ce qui reste encore mon point faible, c’est la prospection auprès des professionnels. Je sais que je dois progresser à ce niveau, en prenant plus confiance en moi. Présenter de beaux produits et tenter de convaincre de travailler avec nous est un challenge stimulant !
As-tu de nouvelles attentes par rapport à l’entreprise ?
J’aimerais bien plus participer aux travaux dans les vignes, en toute saison. J’apprécie les travaux en vert et cela me plairait d’en apprendre davantage aux côtés de mes collègues. Conduire un tracteur me tenterait bien aussi…
Quel est ton coup de cœur produit ?
J’avoue que, quand je suis arrivée à Cruet, je ne connaissais pas du tout les vins de Savoie. J’ai eu donc beaucoup à apprendre et ai pu faire de très belles découvertes. Il me reste encore de nombreuses notions à acquérir.
La découverte des nombreux cépages, et notamment des anciens cépages réhabilités, m’intéresse beaucoup. A ce titre, mon vin préféré est, en ce moment, le C’dhuysan. Le cépage Etraire de la Dhuy est intéressant : il donne des vins peu tanniques (par rapport à la Mondeuse noire) avec une acidité qui procure un joli équilibre. C’est un vin plutôt léger mais aromatique. Je le compare souvent à la Fleur de Savoie pour les vins blancs et je trouve qu’il se suffit à lui-même.
Une petite anecdote ?
J’ai eu plusieurs occasions de faire découvrir les vins de Savoie dans le Jura. Malgré la proximité géographique, peu de personnes connaissent ce terroir.
Mon père, qui a son entreprise, a voulu, pour les fêtes, offrir à ses amis et clients un coffret de vins de Savoie. Il m’a fait confiance pour le choix : Envol, Fleur et Obstinée. Pour moi, ce sont des produits accessibles en prix, emblématiques de la Savoie et de la Maison. J’ai donc réalisé ces coffrets en glissant différents documents de communication. Les dépliants sont d’ailleurs présents dans l’atelier de mon père. Un joli clin d’oeil du vin de Savoie dans le Jura. Depuis, de bons retours…
J’ai aussi eu l’occasion d’organiser une dégustation de vins rouges pour mon père et ses amis autour d’un plat de sanglier. J’ai proposé une déclinaison des cinq cuvées de Mondeuse ainsi que le C’dhuysan et le Fougueux. Les Molières et le C’dhuysan ont remporté les suffrages des convives.
Quelles sont tes perspectives pour la suite ?
Je souhaite prendre le maximum pendant ces mois à Cruet. En effet, j’ai besoin de connaissances supplémentaires pour progresser dans ce métier. Un jour, j’aimerais avoir ma propre cave pour proposer des vins sélectionnés, des spiritueux à faire découvrir à ma clientèle. Mais pour l’instant, je me sens encore jeune, je dois gagner en maturité, en confiance en moi pour avoir plus de répondant afin de faciliter les échanges. Voici donc un bon challenge pour la suite : engager une démarche de prospection et de suivi auprès de nos cavistes, clients ou prospects, afin d’aller à la rencontre de cette aventure qui me tente…