- Quel est le contexte de la rencontre avec Philippe Grisard ?
J’ai débuté en 2003 comme stagiaire. J’étais alors en formation viticulture-œnologie en alternance. Dès le départ, Philippe a été mon patron. Nous formions un binôme pour s’occuper de la cave alors qu’il était encore à Fréterive.
Après deux ans d’apprentissage, j’ai eu la possibilité de me rendre disponible pour travailler à temps plein. Aucune hésitation pour moi : l’expérience vécue jusque-là me donnait envie de poursuivre la coopération avec Philippe.
Pendant cinq années, j’ai eu la chance d’être en cave avec lui. Nous étions les seuls à nous charger de cette tâche.
En 2010, Philippe choisit de reprendre le domaine de Cruet et s’engage à poursuivre avec les salariés déjà en place. C’est donc le moment pour moi de changer de poste. Philippe me propose cependant de poursuivre notre partenariat en intervenant pendant le temps des vendanges.
Puisque c’est une évidence pour moi de continuer avec Philippe, j’accepte et trouve en complément une place chez un ami pépiniériste viticole. Le rythme concorde puisque je peux être libéré de ce travail pendant les vendanges et me rendre alors disponible pour la Maison Philippe Grisard.
- Qu’est-ce qui a déclenché ton envie de travailler dans le vin ?
Chez mes grands-parents, j’ai grandi au plus près de terres viticoles. Je passais beaucoup de temps dans les vignes et ce fut naturel de m’orienter dans ce domaine.
L’alternance proposée dès mon plus jeune âge a été une source de motivation et je me suis, dès le départ, investi avec passion pour apprendre au quotidien, au contact de Philippe qui est très vite devenu mon mentor.
A ses côtés, il a su me transmettre avec patience et pédagogie son métier, ses passions.
Au fil des années, il m’a laissé de plus en plus d’autonomie et actuellement, je pense qu’il me fait pleinement confiance pour la gestion de la cave pendant ce temps de vendanges.
- Comment se déroulent maintenant tes deux mois pour la Maison Philippe Grisard ?
C’est un travail intense et prenant. Souvent, une autre personne est désignée pour travailler avec moi. Cette année, ce fut Aurélie, le binôme a bien fonctionné. Ce n’est pas forcément toujours facile. Je me rends compte au fil des années et des expériences que je n’ai pas la patience de Philippe. Il est capable de prendre le temps d’expliquer, de reprendre avec pédagogie. De mon côté, j’apprécie particulièrement que la personne comprenne vite et soit efficace. Si quelqu’un est là pour m’aider, ce n’est pas pour que je repasse après lui. Je réalise alors l’importance de la transmission dans les apprentissages. Travailler avec quelqu’un n’est pas quelque chose de simple et cela pose véritablement la question du choix au moment du recrutement.
Depuis l’arrivée de Nadège lors des vendanges 2020, c’est aussi maintenant elle qui reprend le relais dans la gestion de la cave.
- Quel est ton coup de cœur produit ?
Difficile pour moi de décrire mes coups de cœur. Je suis forcément très attaché aux cépages typiquement savoyards, qui font l’originalité et l’identité de notre région. Si j’avais à choisir, je parlerais de la Souveraine, l’Altesse sans fût de chêne. J’aime aussi beaucoup le Chignin-Bergeron, cuvée Opulent.
Évidemment, la Mondeuse Saint Jean de la Porte pour l’Audacieuse est un vin que je recommande en accompagnement de bonne viande rouge.
- As-tu une anecdote ?
Je garderai longtemps en mémoire ces dernières vendanges 2021. C’est une année qui ressort très compliquée en rapport aux dix-huit précédentes. Elle restera marquante, l’impression d’une cave bien vide.
Quelle différence avec les années faciles, notamment 2018 ! Quand la récolte est belle, il y a beaucoup moins de travail en cave, la fermentation est simple. Quand les vendanges sont saines, il est facile de faire du vin.
Mais quand les raisins sont moins qualitatifs, c’est plus technique et compliqué. Un vrai challenge ! Cela met en évidence l’importance de tous les maillons de la chaîne de réalisation du vin : les vignes bien tenues, les belles vendanges, le travail en cave. Une bonne connaissance et une maîtrise du travail sont essentielles. Il ne faut pas se rater !
Cette année, les volumes plus faibles ainsi que les nouvelles cuvées démarrées en petite quantité démultiplient les tâches et les complexifient. Sur de gros volumes, tout s’enchaîne plus facilement. Quand les quantités sont réduites, il faut plus d’attention et le rythme s’intensifie.
Ce travail est passionnant !